Attention. Je préfère prévenir. C'est le billet le plus long et le moins illustré de toute l'histoire de ce blog qui fêtera ses 11 ans en mars prochain. Accrochez-vous car il y a des Bonus à la fin de l'article pour celles (et ceux ???) qui m'auront lue jusqu'au bout !!!!!!!
Round 1 - Pour les plus impatientes, voici comme promis sous la forme d'un tableau mon bilan, arbitrant les avantages et les inconvénients des 30 alternatives au jetable que j'ai testées. Clic sur le tableau pour télécharger le fichier complet.

Round 2 - Une vie [presque] zéro déchet, mais comment en suis-je arrivée là !
Fin décembre 2016, je zonais dans les allées abondamment garnies d'une grande librairie. A feuilleter les livres ouverts, j'ai fini par attraper celui à la couverture verte, munie d'une jolie illustration et d'un titre [presque] parfait qui te laisse croire que tout est possible et surtout qui t'autorise à te tromper.
Je ne sais pas pourquoi. Ce n'était sûrement pas un hasard, mais visiblement un bienveillant et instructif rendez-vous.
2016. J'avais déjà fait un léger pas vers une prise de conscience alimentaire "plus saine" : zéro sucre dans le thé, stop aux sodas, aux bonbons multicolores. Ce sucre qui enveloppe, qui adoucit ; ce sucre qui se rappelle si prestement à moi en cas de fringale ou de crise d'hypoglycémie. Je me suis vue, récemment, attraper le tube de lait concentré et frénétiquement l'ouvrir pour l'engloutir d'un coup !!!!!! Rien n'est acquis.
2017. Grande résolution de l'année : réduire les déchets de mon foyer. Après le livre cité ci-dessus, le blog de Lilacam et sa dizaine de défis ont fini de me mettre le pied à l'étrier.
Je n'avais pas l'âme d'une écologiste. Je n'avais finalement jamais rien tenté avant pour sauver la planète qui me nourrit encore si bien.
Bon alors, "bobo" serait-on tenté d'en conclure ? Dans le flow, le move, à la mode, dans le vent … Bien trop réducteur. Pourquoi s'enfermer dans des clichés ? Et pourquoi se justifie, d'ailleurs ?
Vous allez voir, cette histoire m'a fait voyager très loin.
Une seule chose est certaine, il est urgent de faire avancer la cause d'une vie "ecofriendly" et zéro déchet.
Chaque année, nous consommons bien plus que ce que peut nous offrir la planète. Nous vivons à crédit sur les cinq derniers mois de l'année.
En réalité, je traîne en moi cette façon de vivre depuis un certain temps. Je le raconte dans mon premier billet Zéro déchet daté de février 2017. Le fait-main, les brocantes ou ressourceries, la récup', le reyclage, il me manquait juste la prise de conscience intellectuelle. C'est chose faite.
Un retour en arrière est fort improbable.
Cette cascade de mots pour exprimer mon état d'esprit et partager mes premières réflexions après un an de démarche Zéro déchet. Le Zéro déchet, c'est simple mais ce n'est pas facile.
Voici mes facteurs empêchants et mes facteurs vertueux :
Le facteur Temps est mon premier ennemi à combattre. A regarder de trop près, on peut facilement ressentir une aigre impression de retour en arrière.Tout prend du temps, ce qui demande de revoir ses priorités et ses habitudes. Cuisiner les repas, préparer les cosmétiques et produits d'hygiène, anticiper les achats, planifier les moments propices à l'approvisionnement des stocks, se rendre sur les différents lieux de vente. Cette démarche est arrivée à un moment de ma vie où je peux me le permettre : une enfant presque majeure et un conjoint participatif.
Le facteur Rangement est mon deuxième ennemi à combattre. Peut-être là, une auto cristallisation-crispation-focalisation anxiogène autour de quelque chose qui me rebute : le désordre. J'aime l'ordre. Ma cuisine est trop exiguë pour tout avoir sous la main. J'ai souvent l'impression de passer mon temps à laver et à ranger le surplus de vaisselle, seule dans ma cuisine. Je rêve d'une cuisine-salon spacieuse et fonctionnelle, bien décorée et surtout bien rangée.
Le facteur Coût est mon troisième ennemi à combattre. Le Zéro déchet ne coûte pas moins cher. Il pondère différemment les lignes budgétaires sur le principe des vases communicants. Je me refuse depuis des années à faire mes courses dans les méga-supermarchés : trop de tentation et de sur-consommation. Les petites enseignes correspondent parfaitement à mes attentes surtout que depuis un an, je ne fréquente plus du tout certains rayons et ai appris à découvrir de nombreux autres : la boucherie et la fromagerie traditionnelles, les fruits et légumes (frais et secs) en vrac. La qualité gustative de l'orange choisie à la main versus l'orange maigrichonne en filet. Le fromage de chèvre local versus l'emballé sous étiquette sans surprise … Le local, le bio coûtent plus chers. J'ai opté pour le local mais pas pour le bio. Je ne suis pas encore convaincue par ce label.
J'avais en tête un quatrième facteur empêchant mais qui à ce jour, n'en est plus un. J'en parle ici car pour celle qui voudrait se lancer (oui je compte bien encore fait des émules, le plus beau reste à lire !), c'est un élément indispensable pour que l'alchimie se fasse.
Le facteur Entourage est devenu au fil des mois un facteur encourageant. Décider des habitudes d'un foyer se construit en famille, en couple avec les enfants. Pour le Zéro déchet, le déclic s'est fait chez moi subitement, comme une évidence, supportant mal la contradiction. Réduire les déchets de mon foyer signifiait acheter un composteur. Au début, c'était tout. Rien que l'idée d'avoir à l'installer dans notre mini jardin a donné des frissons au papa d'Esioleh. Je crois que le temps a fait son œuvre. "Non" est devenu "Peut-être" puis j'ai rajouté un "On va tester, je me charge de vider et nettoyer le bio seau, de retourner le compost, de l'humidifier", "ce sera bon pour tes rosiers l'été prochain" …
Puis, le sac à pain a fait son apparition. Il fut oublié au début. Puis, plus du tout à présent et même fortement conseillé en cadeau cette année à Noël. Il en sera de même pour [presque] toutes les alternatives proposées pour remplacer le jetable. Quand ça bloque, savoir lâcher-prise. Ma fille ne veut pas entendre parler de mouchoir en tissu, sa bouteille d'eau est toujours en plastique mais elle a fini par vanter les mérites du shampooing solide, du déodorant maison et les lingettes démaquillantes. Bon là, tout récemment, je lui ai parlé des protège-slips réutilisables ….. je vais tester avant elle, je pense ! Mon mari lui ne veut que du sucre raffiné très fin versus mon sucre acheté en vrac croustillant comme des bris de verre, pas convaincu non plus par mon Sopalin en tissu (il n'a pas tort d'ailleurs).
Des anecdotes pour finalement leur tirer mon chapeau. Ils se sont adaptés à mes subites lubies, je ne les ai pas ménagés. Ils ne sont pas encore prêts à témoigner dans des groupes de parole Zéro déchet mais font très bien l'article auprès de nos familles et amis.
Une parfaite transition pour apprécier à présent les bienfaits de la démarche Zéro déchet. Après avoir survécu aux facteurs empêchants, les avoir combattus ou avoir tenté de les amoindrir, place à la ronde des facteurs vertueux !
Le premier qui n'était pas l'élément déclencheur : la prise de conscience intellectuelle et durable que je surconsomme à l'insu de mon plein gré et cette évidence que nous pouvons, tous, à notre échelle individuelle faire un pas vers le Zéro déchet. J'ai pu visiter l'exposition "Vies d'ordures" qui s'est tenue au Mucem à Marseille. J'ai retenu les catastrophes écologiques liées aux plastiques contenus dans les mers, les 390 kilos de déchets ménagers produits par chaque habitant, chaque année. J'ai retenu cette date du mercredi 2 août 2017, journée du dépassement où nous avons consommé en 7 mois et 2 jours ce que la planète produit en un an.
Puis, il y a ces mots qui reviennent souvent dans la littérature : locavore, décroissance, obsolescence programmée, économie circulaire, up-cycling, simplicité volontaire, pleine conscience. J'ai découvert un fourmillement de blogs et de comptes Instagram, alimentés par des personnes optimistes, croquants la vie à pleine dent, apportant témoignages et conseils, défis et bonnes idées en tout genre. De quoi nourrir ma curiosité, me permettre d'apprendre à découvrir de nouveaux horizons, d'alimenter mes réflexions et mes positionnements pour une vie "ecofriendly" et Zéro déchet.
Le deuxième facteur vertueux est l'ouverture sur les autres. Quelle joie de pouvoir partager, discuter, conseiller, écouter avec d'autres ce nouveau mode de vie, c'est le sel de la démarche, la cerise sur le gâteau. Il est plus aisé de trouver oreilles attentives en matière de Zéro déchet qu'en loisirs créatifs. Tout le monde, consciemment ou non, a des habitudes qu'on pourrait qualifier de Zéro déchet. Il y a celle qui fait son marché, celle qui réalise ses propres conserves ou entretient son jardin potager, celle qui dépose en ressourcerie des objets inutilisés, celle qui cuisine avec des produits locaux … Il n'en est pas de même pour les loisirs créatifs. Il n'y a pas tant que ça de personnes prêtes à passer une partie de leur temps libre derrrière une machine à coudre, des aiguilles en main ou une paire de ciseau autour du cou. La magie d'internet est de pouvoir rassembler tous ces mondes autour de centres d'intérêt communs.
Je me suis inscrite comme bénévole au sein de l'association Zero waste Provence. Groupe hyperactif de jeunes mamans qui m'a confié la co-organisation des ateliers couture. L'occasion de faire un trait d'union avec ma passion pour la couture, qui par conséquent fut très orientée Zéro déchet en 2017.
Quelle joie aussi de donner exemple, de donner envie de suivre cette démarche, d'inciter, de sensibiliser famille et amis ! Surprendre aussi le commerçant avec mes contenants, les autres clients avec mes pochons décorés, mes filets à fruits et légumes. Infuser l'idée dans le monde professionnel, prêt lui aussi à entrer dans la démarche.
Le troisième facteur vertueux est lié au besoin de ralentir. En conscience, bien présent mais en faits et gestes, à peaufiner. Résolution 2018 ?? Prendre le temps, savourer, se poser, méditer, laisser le passé sans préparer l'avenir, apprendre, découvrir. Modifier mes habitudes alimentaires et de vie, m'engage vers un autre chemin, heureuse de le prendre en famille.
J'aime l'anglicisme "Less in more". Il résonne comme le fameux "Clean and simple" plutôt associé aux univers créatifs des scrapeuses.
Le quatrième et dernier facteur vertueux est d'être en mesure observer sa propre progression. Les poubelles que l'on sort de moins en moins dans la rue en semaine, ces déchets organiques qui finissent en compost pour les rosiers de mon mari et mes futurs plants de tomates de l'été prochain. Ces poubelles que je pèse, ces chiffres qui s'alignent formant une courbe descendante. En 6 mois, nous avons produit 48 kilos de déchet par personne (une évaluation sur une année approcherait les 100 kilos par personne, hors compost). Nous sommes sur la bonne voie et bien loin de la moyenne nationale qui s'élève à 390 kilos.
Round 3 - Comme promis, voici 2 bonus pour clore cette longue page d'écriture.
Voici ce que les enfants de mon village ont planté sous la pinède. A méditer !

Second bonus à télécharger si vous êtes équipées d'une Caméo Silhouette. Sinon, je vous propose ces modèles prêts à l'emploi à la vente sur ma boutique solidaire, au profit de l'association Dominos.



Je mets un point final à cet article-fleuve. Bienvenue aux nouvelles alternatives Zéro déchet qui verront le jour en 2018.
Si vous le voulez bien, continuons ensemble à laisser nos poubelles vides, à cuisinier local, à fréquenter les commerçants de notre quartier ou de notre village, à refuser les sacs en plastique et papier, à offrir des cadeaux dématérialisés ...
"Less is more".